D’après la biographie de Saint Éloi écrite par Saint Ouen, le véritable emplacement du corps du martyr Quintinus avait été oublié jusqu’à ce que Saint Éloi le découvrît en 635 sous le sol d’une église et fît construire un nouveau tombeau.

Sous la dynastie carolingienne, l’église devint un lieu de pèlerinage réputé. Des miracles, comme la guérison de la cécité, des oedèmes et de diverses affections des membres, furent enregistrés à Saint-Quentin au IXe siècle.

A cette époque, l’église accueillit les corps de deux autres saints : Saint Victorice d’Amiens et Saint Cassien. En 900, les trois saints furent placés dans des sarcophages de pierre au sein d’une crypte récemment construite.

Leur présence donnait du poids à deux revendications fondamentales de l’histoire de Saint-Quentin :

-   Comme lieu choisi de l’inhumation d’un martyr des premiers temps, la commune et son église avaient contribué à la naissance de l’église gallicane, comme Saint-Denis, Reims ou Tours.

-   Le chapitre de la Collégiale et la commune devaient être exemptés de tout contrôle de la part de l’évêque de Noyon.

Les neuf paroisses furent séparées physiquement du centre administratif des chanoines, en 1213, comme les têtes, mains et bras furent séparés des corps des saints. Afin de réaffirmer l’autorité du chapitre, la construction d’une nouvelle collégiale, plus gigantesque, fut envisagée. L’emplacement des reliques fut définitivement modifié avec la construction de la nouvelle église. Les tombeaux furent encore vénérés, même après l’élévation des reliques.

Le tombeau du Saint

Au cours de la cérémonie d’élévation de 1228, les anciennes reliques des trois saints furent exposées dans de précieux reliquaires, brillants d’or et de pierreries. Elles furent placées sur deux autels, à l’extrémité orientale de l’ancienne nef, devant l’entrée du nouveau chœur encore en chantier, et y restèrent probablement jusqu’à l’achèvement du chœur, en 1257.

Il n’est pas certain que toutes les parties séparées pour la monstration de 1228 soient restées dans les sarcophages pendant les trois siècles précédents. Les os des bras ont pu être dissous dans l’eau – mixture que les pèlerins buvaient ou appliquaient sur leurs membres malades dans l’espoir d’une guérison (cette cure par les reliques était couramment pratiquée).

La garde des reliques anciennes et la relation établie par ces reliques entre le corps et l’âme renforçaient le pouvoir des chanoines sur les laïcs et contribuait à augmenter leurs revenus, par les donations et les paiements effectués à l’occasion des enterrements et des prières pour les morts. L’espace le plus important de l’église gothique fut son nouveau chœur. C’est là que furent placées les reliques en 1257, en un lieu considéré comme une place d’honneur.

La vue des reliques proprement dites était probablement gênée à la fois par le jubé et par les reliquaires, mais l’ensemble de l’édifice pouvait apparaître comme un reliquaire géant enchâssant les autres reliquaires. Les vitraux de l’hémicycle composaient une relation visuelle entre les âmes vivantes des saints, en haut, et leurs reliques, en bas. 

Mener ces reliques à travers la ville semblait une façon symbolique de rassembler les parties séparées de la communauté (les neuf paroisses) et de marquer leur dépendance vis à vis de l’autorité centrale, celle des chanoines. Les prêtres des paroisses, obligés de prendre part aux processions, devaient se tenir de part et d’autre des porteurs.

       Le tombeau de saint Quentin

Le reliquaire de la main

        Le reliquaire de la main du saint

Le reliquaire de la tête du Saint

Les processions avaient lieu le dimanche et les jours des fêtes les plus importantes ; leur durée, parcours et participants étaient différents à chaque fois. La plupart restaient à l’intérieur du castellum, territoire englobant l’enceinte canoniale et la résidence des comtes. D’autres traversaient la ville pour s’arrêter à l’abbaye de Saint-Quentin-en-l’Isle et dans certains lieux du périmètre urbain. D’autres encore comprenaient une marche jusqu’à l’abbaye de Saint-Prix, à l’extérieur des murs.

Le reliquaire contenant le chef du saint          

La tête de Saint Quentin était la relique la plus portée, les grandes châsses restaient derrière l’autel, sauf en de rares exceptions.

Beaucoup des reliques et reliquaires disparurent durant le siège de 1557, et beaucoup d’autres furent détruits pendant la Révolution.

Restent aujourd’hui dans l’église, dans de modernes coffrets de verre, le crâne doré de saint Quentin et sa main à la chair non putréfiée.

 

La légende du Saint

La basilique