A l’origine, les comtes rendent justice eux-mêmes, assistés de notables que remplacent à la fin du VIIIème siècle, sept à douze échevins choisis par eux avec le consentement du peuple. Leurs déplacements dans leur comté les obligent fréquemment à se faire remplacer par un vicomte.

Plus tard, les comtes concèdent des droits de justice à la commune, mais aussi aux abbayes de Saint Quentin en l’Isle et Saint Prix. Ainsi les 2 abbayes possèdent le droit de justice sur des secteurs englobés dans l’agglomération et à la périphérie de la ville. D’autres abbayes et établissements charitables ont obtenus des droits similaires, de même que les églises comme Homblières, Vermand, Royaumont. De plus, quelques seigneurs ont aussi la justice sur leur Maison. De même le Chapitre possède aussi le droit de justice sur le quartier canonial.

Les habitants de Saint-Quentin sont donc soumis à différentes Justices. C’est dire toute l'importance et la complexité de la justice, à cette époque. La situation était déjà obscure pour les contemporains, si on en juge d'après le nombre des contentieux. Ainsi, les limites de la justice des mayeurs et jurés sont suffisamment imprécises pour soulever de violents conflits avec les autres pouvoirs.

Sous Philippe-Auguste, le comté de Vermandois est divisé en plusieurs bailliages. Le bailli est administrateur (exécution des décisions royales, surveillance des nobles, du clergé, des communes), juge (tenue des tribunaux), chef militaire (convocation de l'ost, entretien des forteresses) et comptables (groupement des redevances dues au roi et paiement des dépenses locales, envoi de l'excédent à Paris), et se rend de

Le bailli, sur une miniature d'époque     

ville en ville pour tenir ses assises. 

Il ne dépend que du Roi et peut être destitué en cas d’insoumission. Il désigne à St Quentin, comme dans les autres villes, un lieutenant qui connaît les affaires courantes. Il y avait a un lieutenant criminel, un avocat, un procureur, des huissiers, un receveur des consignations, un commissaire aux saisies. 

La juridiction du mayeur s'exerce dans la ville et dans la banlieue. Ses arrêts sont en général très sévères. 

La Justice (miniature d'époque)

Pour exécuter ses décisions, elle a sous la main la milice bourgeoise; et pour la répression des délits, arrêter les rixes, maintenir l'ordre, chacun des quatre quartiers de Saint-Quentin (Saint-Jacques, Sainte-Pécinne, Saint-André, Sainte-Marguerite) est placé sous la surveillance spéciale d'un quartenier. Le quartenier visitait les cabarets, les hôtelleries la veille de l'ouverture de la foire de St Denis. Il jouissait d'un logement et pouvait faire rentrer quatre pièces de vin exemptes de droits.

Les magistrats ont beaucoup de mal à conserver les privilèges conquis. Ils doivent lutter sans cesse soit contre les seigneurs, soit contre le clergé. L'évêque surtout se plaint souvent au roi des droits de l'autorité municipale et parfois le ban de Dieu, mis sur la ville, n'est levé que lorsque les magistrats ont donné satisfaction à l'Église et payé de fortes amendes.

La Justice de l’Église est rendue par l’Officialité (ou tribunal ecclésiastique) dont les membres sont le doyen et les chanoines, ou simplement les grands vicaires et officiels, qui sont désignés par le chapitre, celui-ci se réservant les affaires importantes. 

L'official a plusieurs autres officiers, un procureur d’office, un scelleur, un greffier, un procureur, un notaire, un tabellion et un rapporteur. Tous les arrêts sont marqués du sceau de l'officialité qui porte cette inscription : Sigillum curi sancti catini. 

Pour les habitants de la juridiction ecclésiastique, les procès se tiennent à  l'officialité et pour les mayeur, jurés et bourgeois de la ville dans le cloître de Saint Quentin.

Pour les mayeurs, jurés, échevins, c'est le curé qui les juge et le chapitre qui fixe l'amende.

L'Église conservera ces prérogatives presque épiscopales jusqu'en 1703.

La Commune