En 1883, un ancien maire de la ville, Charles Picard, frappé par le courage et l'héroïsme des aïeux de 1557, lègue à la ville de Saint-Quentin trente actions des Chemins de Fer du Nord, pour l'érection d'un monument commémoratif en l'honneur des défenseurs de la ville. Cette somme importante (cent mille francs de l'époque, près de deux millions de francs d'aujourd'hui ou 300.000 euros) sera complétée par sa fille, en 1890.

En 1893, un concours est organisé par le maire François Hugues et neuf projets sont exposés dans la salle Vauban.  Le public est particulièrement attiré par celui du sculpteur Theunissen. Un référendum, organisé en mars, lui donne une écrasante majorité, mais c’est le jury, composé du maire François Hugues, des adjoints Clin et Mourette, des conseillers et de l’architecte de la Ville, qui décide de la victoire du projet de Theunissen.

Le projet dépasse nettement les 100 000 F. Il faudra transporter le vieux puits Louis XV derrière l'hôtel de ville, dépaver et asphalter la Grand'place. La ville paiera la différence, aidée par une subvention de l'État.

Theunissen, qui fait équipe avec l'architecte Heubès, commence son travail en avril. Il commence une maquette au dixième avec les modifications apportées grâce à une étude plus approfondie et à quelques conseils éclairés.

Theunissen espère être en mesure de présenter la maquette définitive le 15 janvier 1894.

"D'ici quelques jours, on va élever sur la Grand'place une silhouette du monument en toile et en bois, grandeur réelle, peint à la détrempe en trompe-l'œil, pour voir l'effet. Le monument est en hauteur. Vu d'une trentaine de mètres de la base, il se profilera nettement vers le ciel."

En 1894, Theunissen attaque le premier groupe du bas. Le groupe symbolique du haut est chez le fondeur Thiébaut.

En mai 1895, Theunissen expose au Salon, à Paris, un échantillon de son œuvre.

Le public, impatient, demande quand se déroulera I'inauguration : en août 1895, ou en 1896 ?.

La pose de la première pierre est fixée au 7 juillet 1895, date du concours fédéral de gymnastique. François Hugues obtient l'accord du président de la République, Félix Faure, pour la présence du ministre Gabriel Hanotaux, Saint-Quentinois, né à Beaurevoir, ministre des Affaires Étrangères. Dans un coffret en fonte scellé au plomb, on place le procès-verbal sur parchemin, et une plaque en cuivre gravée d’une inscription. Le ministre le dépose dans une cavité de la pierre. Discours. Remise de décorations.

En octobre 1895, Theunissen livre le quatrième groupe au fondeur, et en janvier 1896, le cinquième et dernier, celui de Catherine Lallier. En mars 1896, on installe la partie supérieure du piédestal. Elle arrive par chemin de fer. Le transport, de la gare à la place, sur un camion tiré par quatorze chevaux, a duré plus d'une journée.

Le monument, achevé en juillet 1896, sera inauguré le 7 juin 1897 par le Président de la République, Félix Faure. Ce jour-là, la ville recevra la croix de chevalier de la légion d’honneur pour la défense du 8 octobre 1870.

Les Saint-Quentinois, évacués par les Allemands en 1917, ne retrouveront à leur retour qu'un socle vide.

Le monument de 1557, comme tous les autres de la ville, a été envoyé à la fonte par les troupes d'occupation.

 

En 1931, le maire Romain Tricoteaux décide de la reconstituer. Au moyen d'une maquette et de photographies, la veuve de Theunissen (mort en 1918) s’engage à faire réaliser une réplique en bronze par M. Bertrand, ancien collaborateur de son mari, et M. Terroir, prix de Rome.

Il ne reste que 2 têtes de l’ancien monument : le canonnier et le lanceur de pierres.

Pour toutes les autres, il faudra s’inspirer de photographies. Les statues sont fondues par M. Minet.

Le nouveau monument est inauguré en 1933.

Le retour des répliques en gare 

de Saint Quentin, en 1933.

Pendant la seconde guerre mondiale, le monument est resté sur son socle, grâce à l’intervention de M.Seret, en 1942.

Il a été déposé en 1989, avec son socle, pour permettre de réaliser sous la Grand'place un parking souterrain qui ne l'aurait pas supporté.

Depuis le 27 avril 1998, les habitants ont retrouvé avec fierté sur la place du 8 octobre 1870 (où se trouvait en 1557 la porte d’ Isle, âprement disputée lors du siège) le monument qui symbolise le plus leur identité.

 

La bataille et le siège de 1557

Le monument de 1557

L'inauguration - La visite de Félix Faure

Corneille Theunissen

Charles Picard

Seret

Gabriel Hanotaux

François Hugues

Félix Faure

La place de l'Hôtel de Ville

La place du 8 octobre 1870

Le puits XVIIIe