Peu de documents, une légende auréolée de gloire : le martyre de Saint Quentin.

Un manuscrit du XIIe siècle, dit «l’authentique» (illustré de 25 miniatures), conservé à la Bibliothèque Municipale, renferme le récit de la vie de Quentin. C'est le plus ancien retrouvé à ce sujet et il fait partie du Trésor de la Basilique. Cette histoire a inspiré un mystère du XVe siècle en 24000 vers, représenté à plusieurs reprises devant la collégiale (les dernières fois, à l'intérieur de celle-ci en 1987 et en 1999).

Quintinus serait le fils d'un sénateur romain du nom de Zénon. Il demande au pape Marcellin de l'autoriser à évangéliser les habitants de la Picardie. Il part donc prêcher ; on le rencontre à Amiens en compagnie de quelques chrétiens. Sa foi est grande, comme le prouve sa conduite en tous points louable. Il baptisait sur les places, et, dit-on, guérissait miraculeusement les «perclus» rhumatisants, les «enflés» hydropiques et d’autres malades (aveugles et bronchiteux).

L'empereur Maximien et son préfet Rictiovare ménagent peu les prédicateurs de la nouvelle religion. Sommé de mettre un terme à ses pratiques, Quintinus refuse de se soumettre et de sacrifier aux dieux païens.

Rictiovare l'emprisonne alors à Amiens. Il est martyrisé, notamment par l’enfoncement de broches dans les épaules (visibles sur le buste du saint qui figure sur le blason de la ville).

Le supplice des broches

Semblant ignorer la douleur, Quentin prie, ses tortionnaires ressentent les souffrances qu'ils souhaitaient à leur supplicié ; alors on croit à de la magie et d'autant plus facilement que les geôliers se convertissent tandis que Quintinus est mystérieusement délivré. Repris et soumis à de plus cruelles tortures, il parait ne pas les subir et Rictiovare s'acharne sur lui en vain. On décide de transférer le condamné à Rome. Augusta est sur le chemin qui mène à cette ville. Quintinus y est détenu dans une tour située en haut de la rue Émile Zola (détruite de nos jours).

Étant emprisonné, et souffrant de la soif, Quintinus aurait fait jaillir dans son cachot même, qui était sous terre, une fontaine. (On lui attribue pareillement une autre fontaine miraculeuse dans une cour, à Marteville, où il a dû passer, venant d'Amiens sous escorte). Colliette rapporte que des «enflés», des hydropiques, venaient boire et demander la guérison à la fontaine du cachot, qui existait encore au XVIIe siècle.

Longtemps, une sculpture de bois (le Petit Saint-Quentin) rappellera le séjour que le martyr effectua dans la cité qui portera son nom : en 1917, les Allemands enlèvent la statue, remplacée depuis par un bas-relief de Gabriel Girodon.

Augusta est la dernière étape du voyage de Quentin : Rictiovare, excédé, lui fait trancher la tête, et, pour ne pas attirer de pèlerins autour du tombeau, il fait jeter tête et corps dans la Somme. Ceci se passe en 287.

La décollation du Saint
Eusébie

Cinquante-cinq ans plus tard, une dame romaine, Eusébie, voit en songe Dieu qui lui ordonne de se rendre à Augusta.

Là, le miracle s'accomplit : le corps et la tête du saint émergent des eaux qui les avaient engloutis. D'aveugle qu'elle était, Eusébie retrouve l'usage de ses yeux.

Le corps du Saint

Quand on veut transporter les reliques à Vermand, le convoi se fait si lourd qu'il est impossible de le mener au delà de la colline. On élève une chapelle qui cédera la place à plusieurs églises successives. Le Bourg de Saint-Quentin naît progressivement autour de ce lieu saint. Les fidèles viennent prier et les malades croient une guérison miraculeuse possible.  Les pèlerinages s'organisent.

 

Le Petit-Saint-Quentin

Le tombeau - Les reliques